Lors de son incarcération, Gauche développe une stratégie de survie basée sur le témoignage : elle décrit son quotidien dans des pages qu'elle slame dans la cour de la prison. À ces occasions, elle invite également ses codétenues à s'asseoir en cercle et à partager leurs histoires, qu'elle note dans son carnet. Elle y consigne ses textes, titrés par dates, mais aussi le calendrier qui lui permet de garder la trace des jours et de mesurer l'impact du choc carcéral sur son cycle menstruel. Six mois plus tard, elle performe ces documents sur le plateau de tournage, portant un témoignage à la fois individuel et collectif, profondément politique.
Un programme dédié, écrit sous l'environnement MAX/ MSP, permet de simuler au sein même du montage une gamme de procédés plastiques propres à l'expérience post-traumatique, par des perturbations plus ou moins subtiles, plus ou moins infimes. Celles-ci soulignent la violence dont Gauche porte encore le souvenir, mais aussi sa résilience -- le courage nécessaire pour se tenir malgré tout dans l'espace de tournage et performer devant une caméra.
Le collectif Mouvement(s), Ella Altman, Julia Borderie, Ludovic De Oliveira, Sarah-Anaïs Desbenoit, Alle Dicu, Emilien Dubuc, Éloïse Le Gallo, Antoine Mayet, Fredj Moussa, Domenico Singha Pedroli, et l'ensemble des promotions Marguerite Duras et Claude Lévi-Straus
Jules Ramage (1987, France) est artiste visuel. Docteur en Sémiologie du Texte et de l'Image, il est aussi chercheur associé au laboratoire CERILAC d'Université Paris-Cité, et membre de la Cité du Genre, institut interdisciplinaire de recherche en études de genre. Il explore les relations de pouvoir mises en jeu dans les structures disciplinaires et institutionnelles. Conscient des limites éthiques et juridiques propres à son terrain et au statut de ses collaborateur-ices, il travaille dans la logique de l'expanded cinema, en produisant des films mais aussi, lorsque cela est impossible, en activant son contenu d'une autre manière, par l'installation, la photographie, l'édition ou la performance.
Depuis 2013, il poursuit un travail de terrain approfondi dans l'espace carcéral, où il implante des protocoles collaboratifs intégrant personnes détenues et surveillant-es. Son travail a été présenté en France, aux États-Unis, en Argentine, en Angleterre, en Espagne et en Allemagne.
Perturbé par : MAX/MSP - proposition n°04-001
Workshops préparatoires menés à la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis pendant l'été 2022
Conception et gestion des workshops : Jules Ramage
Co-production de contenu, outillage et rencontres : Corinne Dutheil - Daisy Lambert - Marina Ledrein - Ingrid Liavaag - Margot Mourrier Sanyas - Jules Ramage - Johanna Rocard
Boussoles : Younes Ben Slimane, Daisy Lambert, Marina Ledrein, Ana Elena Tejera