Quand La Divine Comédie rencontre Benjamin Castaldi :
Jour de chance est l'enfant fantasmé de la téléréalité et de la tragédie italienne. Ce film hybride et queer par essence, qui emprunte ses références tant à une culture de l'image cinématographique qu'aux punchlines de Secret Story, est une expérimentation revendiquée, qui cherche à briser les dogmes des représentations et des narrations pour en extraire le nectar du drame. Et si Fassbinder avait inventé la téléréalité ?
Tous les malheurs sont derrière la porte. La scène finale de L'Étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, de Robert Louis Stevenson (1886), est le fruit d'une angoisse enfouie pendant toute la construction de l'histoire.
À travers ses six personnages, Jour de chance explore cet interstice entre dramaturgie classique et potentiel performatif de l'image numérique. Ces incrustations à l'image, qui s'inscrivent dans le processus narratif, demandent au spectateur de lâcher prise sur une « réalité » cinématographique. Nous suivons la métamorphose de ces personnages à travers ce mix d'images filmées et d'images numériques. Cette altération volontaire de l'image cinématographique en image numérique n'est pas là pour sublimer un état transcendantal, mais au contraire pour appuyer la tragédie qui se joue, l'indicible (le diable) qui nous pousse à une fascination morbide pour ces parcours d'Icare en prime time. À l'image de L'Étudiant de Prague de Hanns Heinz Ewers (1913), Chéri, Marthe, Magnolia, Ruby, Louis et Liam sont confronté-es à leur propre image aliénée, dans un combat à mort perdu d'avance, dans un monde qui oscille entre littérature et trash TV. Jour de chance est une réflexion sur la réalisation de soi, la soif de célébrité à l'heure où chacun-e possède et cultive sa propre persona numérique. Entre télé et réalité, ce film est à la fois un processus de transformation personnelle et de réflexion sur les enjeux de la représentation des relations, en s'inscrivant comme une réflexion sur ce qu'est la gloire aujourd'hui.
Acte Académie, Foxhole Vintage, Inner Light, Gaïa Vincensini, Confort Mental, Romain Guillet, Lazare Belbachir, Good Loc, merci également à Kim et son chat Lilou
Né-e avec le bug de l'an 2000 et la téléréalité à Lille en 1997, vit et travaille à Paris.
Avec humour et esthétisme, dans un passé présent futur fantasmé, autant individuel que collectif, son travail se compose d'installations, de performances et de sculp- tures autant que de films, et vise à produire des environnements alternatifs et de nouvelles formes de narration.
Après une première exposition personnelle en 2019, « Sunny Day @ The Pool », Ange installe son atelier au sein de la coopérative Pointcarré à Saint-Denis, puis le quitte en 2021 pour intégrer le cursus du Fresnoy -- Studio national des arts contemporains.
En 2023, sur l'invitation de Romain Guillet, iel rejoint le collectif de programmation Confort mental, un artist run-space situé dans le XXe arrondissement de Paris.
Production : Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains